Vous souvenez-vous du film Chérie, j’ai rétréci les gosses ?
J’avais 6 ans quand ce film est sorti. Je l’ai tellement regardé au fil des années qu’il est resté pour moi comme un très beau souvenir d’enfance. Aujourd’hui, je le montre à mes propres enfants, comme je leur ferais découvrir un lieu qui a marqué ma jeunesse, une maison de famille dans laquelle j’aurais passé plusieurs étés.
Ce que j’aime dans ce film, c’est le pouvoir de la fiction, sa capacité à injecter une belle dose de merveilleux dans un monde tout à fait insipide. Une machine à rétrécir des gosses ? Incroyable ! La situation était invraisemblable au possible, et c’était cela qui me ravissait à l’extrême.
Connaissant mon goût pour les situations improbables, j’ai foncé sur Arabe, le livre de Hadia Decharrière. C’est l’histoire de Maya, une jeune femme de 28 ans, qui se réveille un matin en parlant l’arabe. Mais Maya n’est pas arabe, et elle n’a jamais appris cette langue. En attendant l’examen médical qui doit déterminer ce dont elle souffre, elle découvre en elle des sensations qu’elle n’a jamais eues, des souvenirs qu’elle n’a jamais vécu, toute une culture qui n’est pas la sienne.
Avec Hadia Decharrière, on voit alors le monde autrement. Comme dans Chérie j’ai rétréci les gosses, des transformations optiques sont à l’oeuvre. Dans ce film, les adultes devenaient des géants monstrueux, les enfants découvraient l’humanité des insectes et le monde de l’infiniment petit. Le livre de Hadia Decharrière bouleverse également notre vision du monde. Avec elle, le corps reste le même mais l’esprit change, l’étranger se fait proche, les certitudes s’effondrent.
En lisant Arabe, le merveilleux fait irruption dans votre vie. C’est un voyage des sens, une poésie de tous les instants, à vivre confortablement assis dans son canapé.