J’ai lu le livre de Stéphanie Dupays d’une traite, me reconnaissant à chaque page, si bien qu’en le refermant je me suis écriée : “Laure, c’est moi !”
Et cela n’est pas un hasard : Laure, le personnage principal de Comme elle l’imagine, est une Madame Bovary du 21e siècle.
Laure est professeur de lettres à la Sorbonne. Cette spécialiste de Flaubert tombe amoureuse de Vincent, un homme qu’elle a rencontré sur Facebook. Après quelques likes échangés, elle se lance dans une conversation privée, et peu à peu succombe au charme de cet avatar virtuel :
“Face à son béguin virtuel, ces hommes n’avaient aucune chance car ils étaient réels alors que Vincent était une idée façonnée par Laure à l’image exacte de son désir. »
Comme Madame Bovary, Laure est prise au piège d’une imagination toute puissante. Elle la mène à un amour inconsidéré pour une personne qu’elle fantasme plus qu’elle ne connaît, et dont elle scrute le moindre signe sur les réseaux sociaux.
Comme elle l’imagine remporterait haut la main le prix Narcisse du roman s’il existait : on se regarde dans ce roman comme dans un miroir, on s’identifie à son héroïne accro à sa messagerie Facebook, aux chansons de Goldman et aux films de Rohmer.
A l’heure où le virtuel transforme les relations entre les êtres, où internet démultiplie le rôle de l’imaginaire dans la formation du désir, Stéphanie Dupays transpose avec subtilité l’héroïne de Flaubert au 21e siècle.
Merci Stéphanie Dupays, grâce à vous Madame Bovary s’est fait un lifting digne des plus grandes stars.