Étienne Kern-Le tu et le vous

L’art de compliquer les choses !

Avant d’embrancher sur la rentrée littéraire, j’aimerai vous parler aujourd’hui d’un très cool livre que j’ai lu dernièrement : “Le tu et le vous’” d’ Étienne Kern chez Flammarion.

🇫🇷Dans ce livre, Etienne Kern se penche sur une des spécificités de la langue française : la distinction entre le “tu” et le “vous”, abandonnée depuis longtemps par les anglo-saxons, et dont les règles d’usage sont si nuancées qu’il est compliqué pour un étranger de savoir les manier avec pertinence :

“Avec un brin de talent et beaucoup de persévérance, ajoute un article du Herald Tribune, vous pouvez apprendre à nouer votre foulard à la façon d’une authentique parisienne ou à mâchonner la première gorgée d’un grand cru comme le font si étrangement les Français, mais jamais, non jamais, vous ne parviendrez à maîtriser l’usage du tu et du vous dans la conversation !”.

Dans ce livre très amusant à lire, Etienne Kern revient sur cette distinction française à travers de nombreux exemples historiques, politiques, médiatiques, et littéraires ! Une vraie mine d’anecdotes. Par exemple, il cite les voeux aux français de Valery Giscard d’Estaing, où ce dernier tutoie l’année 1975 pour se donner une image moderne et dynamique, sans qu’il soit question pour autant de vouvoyer ses électeurs (ce que Sarkozy n’hésitera pas à faire, souvenons-nous du “casse-toi, pauvre con!” ) :

“Adieu donc, 1974, et salut à toi 1975 !
Je souhaite que tu sois une année accueillante pour les Français, que tu répondes à leur attente, à l’attente de chacune et de chacun d’entre vous, à ses espoirs, à ses vœux, à ses désirs, à son cœur. bonne année, Françaises et Français, et bonne année, La France !”

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Colum McCann-APEIROGON

De l’audace !

Pour finir cette année sur du BEAU, j’aimerais partager avec vous un roman absolument fabuleux : Apeirogon de Colum McCann, publié aux éditions Belfond et consacré Prix du meilleur livre étranger 2020.

Ce roman est une plongée à haut risque dans le conflit qui ronge le Proche-Orient. Il raconte l’histoire d’amitié entre un père palestinien et un père israélien, unis par la perte de leurs filles. Le 4 septembre 1997, un attentat-suicide dans le centre de Jérusalem entraîne la mort de Smadar Elhanan, 13 ans. Dix ans plus tard, non loin de là, Abir Aramin recevra une balle à l’arrière du crâne en sortant de l’école. L’ambulance qui la prendra en charge mettra plusieurs heures à franchir les checkpoints séparant territoires palestiniens et israéliens. Abir s’éteindra dans l’hôpital où Smadar était née. Leurs deux pères décident de s’allier dans le mouvement des combattants pour la Paix, et raconter en Israël, en Palestine, et partout dans le monde, leurs histoires, devenue une même et unique histoire. Avec une idée en tête : cesser le massacre.

“Ils étaient si proches qu’au bout d’un moment Rami avait l’impression que l’un pouvait terminer l’histoire de l’autre.
Mon nom est Bassam Aramin. Mon nom est Rami Elhanan. Je suis le père d’Abir. Je suis le père de Smadar. Je suis un Jérusalémite de la septième génération. Je suis né dans une grotte près d’Hébron.
Mot pour mot, silence pour silence, souffle pour souffle.”

En grec, l’apeirogon est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Colum McCann raconte ce conflit inépuisable en le parcourant sous tous ses angles, et mêle science, histoire, politique, géographie, philosophie pour former un objet littéraire total.

J’ai adoré la forme audacieuse de ce livre : les digressions créent un réseau d’images poétiques et scientifiques, qui s’entrecoupent au gré des paragraphes, et qui permettent de saisir au plus près les multiples facettes de cette réalité complexe.

Laurent Binet-HHhH

Casse-tête fictionnel !

Magnifique ! Ce mois-ci, j’ai lu “HHhH,” le roman historique de Laurent Binet qui raconte l’opération « Anthropoïde » mise en place en 1942 à Prague. Deux parachutistes tchèques furent chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, et planificateur de la solution finale. Chez les SS, ce dernier était appelé “Himmlers Hirn heisst Heydrich” : le cerveau d’Himmler.

Sauf que Laurent Binet ne fait pas que simplement raconter les faits historiques (d’ailleurs fascinants). Il décrit également son propre processus d’écriture. Ses partis-pris stylistiques, recherches bibliographiques, son questionnement sur le statut de la fiction, l’avancée même de son travail, tout ceci est intégré au récit. Et ô, magie suprême ! On a l’impression d’assister à l’écriture du roman au moment même où on le lit.

“C’est un combat perdu d’avance. Je ne peux pas raconter cette histoire telle qu’elle devrait l’être. Tout ce fatras de personnages, d’évènements, de dates, et l’arborescence infinie de liens de cause à effet, et ces gens, ces vrais gens qui ont vraiment existé, avec leur vie, leurs actes et leurs pensées dont je frôle un pan infime… Je me cogne sans cesse contre ce mur de l’Histoire sur lequel grimpe et s’étend, sans jamais s’arrêter, toujours plus haut et plus dru, le liette décourageant de la causalité.”.

J’ai adoré ce roman construit comme un rubik’s cube, où les différentes facettes de la fiction, de l’histoire, et de l’écriture se déplacent ensemble anarchiquement pour au bout du compte former un carré parfait : un livre brillant et prenant à la fois.

Lola Lafon – La petite communiste qui ne souriait jamais

Avec six ans de retard je découvre ce merveilleux roman sur Nadia Comăneci, cette gymnaste roumaine qui est entrée dans la légende lors des jeux olympiques de 1976. A quatorze ans, elle fut la première gymnaste à décrocher la note la plus haute, un dix parfait. Ses figures risquées, réalisées avec une pureté exemplaire feront d’elle un mythe planétaire.

Le roman de Lola Lafon s’ouvre sur un feu d’artifice. On voit cette jeune roumaine prendre de court les juges, le public, et même l’ordinateur de notation qui se détraque devant ses performances inouïes lors des jeux olympiques de Montréal :

“Quel âge a-t-elle, demande la juge principale, incrédule à l’entraîneur. Ce chiffre, quatorze, lui donne le frisson. Ce que la petite a effectué à l’instant dézingue le déroulement des chiffres, des mots et des images. Il ne s’agit plus de ce que l’on comprend. On ne saurait noter ce qui vient d’advenir. Elle jette la pesanteur par-dessus son épaule, son corps frêle se fait de la place dans l’atmosphère pour s’y lover”

A partir de ce moment fondateur, l’auteur retrace le destin incroyable de cette jeune gymnaste, son enfance à Onesti, sa rencontre avec son entraîneur Béla Károlyi, le travail acharné qui la mènera à la réussite suprême et fera d’elle un formidable outil de propagande pour la dictature de Ceaușescu.

Pour écrire son livre, Lola Lafon a interviewé Nadia Comăneci. Ses réponses valident la narration mais parfois la fissurent, et nous portent à interroger notre rapport à la fiction. Qui parle dans le mythe ? La romancière, le personnage, ou l’Histoire ?

J’ai été électrisée par le récit de cette vie inouïe, tracé à la perfection.

Stefan Zweig-Le Monde d’hier

21 février 1942. Stefan Zweig envoie le manuscrit de “Le Monde d’hier” à son éditeur. Le lendemain, désespéré par la guerre mondiale en cours, il se suicide au Véronal en compagnie de sa femme Lotte.

Plus que l’autobiographie de Zweig, “Le Monde d’Hier” est celle d’une génération entière, ébranlée par trois secousses consécutives de l’Histoire : la fin de l’Empire Austro-Hongrois, la première guerre mondiale, suivie de la seconde.

“J’ai grandi à Vienne, métropole supranationale vieille de plus de deux mille ans, et j’ai dû la quitter comme un criminel avant sa dégradation en ville de province allemande. Mon oeuvre littéraire, dans la langue où je l’ai écrite, a été brûlée et réduite en cendres, dans le pays même où mes livres avaient gagné des millions de lecteurs. Aussi je n’ai plus de place nulle part, étranger partout, hôte de passage dans le meilleur des cas; même la patrie que de mon coeur avait élue, l’Europe, est perdue pour moi depuis qu’elle se déchire et se suicide pour la seconde fois dans une guerre fratricide.”

Dans ce livre, Zweig dresse avec précision le portrait d’une époque disparue : la Vienne de la fin du 19e siècle, à l’avant de la scène artistique et littéraire. Dans des pages magnifiques, il raconte ses débuts comme écrivain, ses premières rencontres avec Hofmannsthal, Rilke, Verhaeren. Il parle aussi de ses voyages à Paris, à Londres, en Europe, avant que celle-ci ne se déchire dans la première, puis la seconde guerre mondiale, et le contraigne à l’exil.

Ma dernière lecture de Zweig datait du lycée, j’avais eu “Le joueur d’echec” au programme, et j’ai été emportée à nouveau par la voix de l’auteur, si tragiquement belle dans ce livre testament.

Kate Kirkpatrick-Devenir Beauvoir

ATTENTION, PAGE-TURNER !

Magnifique biographie de Simone de Beauvoir ! Si l’on m’avait dit que je lirais, que dis-je, m’empiffrerais d’un pavé sur cette philosophe discrète, cachée dans l’ombre de Sartre, j’aurais crié à la mystification.

C’est tout le génie de Kate Kirkpatrick, philosophe au King’s College à Londres où elle dirige les « Simone de Beauvoir studies » d’avoir pressé cette figure du 20e siècle jusqu’à la moelle, pour extraire de sa vie une liqueur forte, savoureuse dans ses menus détails.

Kate Kirkpatrick tord le cou à de nombreux stéréotypes qui entravent la vision que l’on a de Beauvoir. Non elle n’était pas une femme trompée par les amours passagères de Sartre, elle n’était pas non plus sa première disciple. Elle a inspiré bon nombre des concepts existentialistes, et a vécu des amours libres, qu’elle a caché pour se protéger des mœurs étriquées de l’époque.

J’ai adoré d’apprendre les relations prédatrices qu’elle entretenait avec des jeunes femmes, toutes anciennes étudiantes, que Sartre tentait de séduire, parfois avec succès.

Ils se sont ainsi partagé la jeune Bianca, de 13 ans la cadette de Beauvoir:

“Dans son journal, elle avoue ensuite que le plaisir physique pris avec Bianca lors de leurs retrouvailles relevait de la “perversité” : elle se savait “profiter” du corps de son amie tandis que sa propre sensualité était “vide de toute tendresse”. C’était “mufle” de sa part, elle n’avait jamais connu cela auparavant. Et encore, deux jours plus tard “Nuit pathétique – passionnée, écœurante comme du foie gras, et pas de la meilleure qualité”.

Bianca souffrira dans ce trio amoureux, et Beauvoir écrira à Sartre, pleine de remords “Je nous ai reproché, moi avec vous d’ailleurs, au passé, dans l’avenir, dans l’absolu notre façon de traiter les gens ; qu’on en fût venus à la faire souffrir ainsi me semblait inacceptable.”

Charles Dantzig, Adrien Goetz, Chloé Delaume, Pauline Dreyfus, et beaucoup d’autres…-Les vingt premières années du XXIe siècle vues par vingt écrivains

Si je dis 21e siècle vous dites … ?

Voici une cool publication collective intitulée “Les vingt premières années du XXIe siècle vues par vingt écrivains” aux éditions Grasset . On y retrouve la plume de nombreux auteurs contemporains, Charles Dantzig, Adrien Goetz, Chloé Delaume, Pauline Dreyfus, et beaucoup d’autres.

Le principe ? Chaque auteur traite une année particulière en choisissant un thème, de la mort d’Alexandre McQueen au grand incendie de Californie, en passant par Sarkozy au Fouquet’s. Les formes sont variées, de la fiction au journal intime, du théâtre à la photo.

J’ai particulièrement apprécié le texte de Patrick Roegiers, extrait de son journal intime de l’année 2001. Il y entremêle choses lues, rencontres, souvenirs de lecture et micro-événements sur la grande toile de fond de l’actualité.

Ainsi du dimanche 7 janvier 2001 :
“Mort de Louis-René des Forêts, le 30 septembre 2000. Figure d’un autre temps. Quasi fantomale, sans poids. Dans la lignée des blanchot, Klossowski, Michaux, Cioran. Pas de paroles en public. Pas d’images. Ce genre de personnages n’existe plus aujourd’hui. Un écrivain du silence, hanté, rongé, dévoré par les mots. Sans voix, sans résonance, sans corps. Comme, d’une certaine façon, l’était aussi Beckett.”

Il y a aussi l’entrée du lundi 19 février qui m’a bien fait rire :
« Dîner chic chez Ledoyen, au bas des Champs-Élysées. Je me retrouve à côté de Henri Cartier-Bresson, un peu sourd et laconique, très en retrait. Il a vraiment l’air de se demander ce que je fais là. Après un moment, il me demande : “Alors, tu fais partie des pique-assiettes?”.

Emmanuel Carrère-D’autres vies que la mienne

DES LARMES DE CROCODILE !

Est-ce que vous aimez être si ému par un livre qu’il vous arrache des pleurs, au fond de votre lit, ou pire dans le bus, face à des passagers ébahis de voir votre visage se rougir, imperceptiblement se brouiller, et laisser place à de petites inondations impudiques ?

C’est ce qu’il m’est arrivé en lisant “D’autres vies que la mienne” de Emmanuel Carrère, publié chez POL. Après avoir adoré “Yoga”, j’ai fait demi-tour arrière, direction l’année 2009, date de la parution de ce récit puissant, qui arrache le lecteur à son métro-boulot-dodo pour le plonger ex abrupto au cœur de tragédies colossales.

Le récit commence au Sri-Lanka, où l’écrivain passe en 2004 ses vacances en compagnie de sa compagne Hélène et de leurs enfants respectifs. Ils assistent, impuissants, au Tsunami qui ravage ses côtes, et Carrère raconte la tragédie qui frappe une famille française qui loge dans le même hôtel : leur fille Juliette est morte, emportée par la vague.
Une fois rentré à Paris, un autre drame frappe l’auteur : la mort de sa belle-sœur Juliette, mère de trois enfants en bas âge et anéantie par un cancer. Etienne, l’un de ses collègues juge au tribunal de vienne, invite la famille pour leur raconter les liens qu’il partage avec la défunte, le combat qu’ils menaient ensemble contre les établissements de crédit.

Impossible en lisant ce livre de n’être pas bousculé à chaque page par l’écriture d’Emmanuel Carrère qui raconte, comme s’il était armé d’un téléobjectif puissant braqué sur le vide, les états-limites de l’existence, cette zone grise qui se situe entre la vie et la mort, entre la joie d’exister et l’angoisse la plus terrible :

“Il y a, dit-il, deux espèces d’hommes : ceux qui font souvent le rêve de tomber dans le vide et puis les autres. Les seconds ont été portés, et bien portés, ils vivent sur la terre ferme, s’y meuvent avec confiance. Les premiers au contraire souffriront toute leur vie de vertige et d’angoisse, du sentiment de ne pas exister réellement”

Sarah Sauquet-Un texte un jour, traverser la littérature en 365 jours

À CONSOMMER SANS MODÉRATION

Connaissez-vous Sarah Sauquet ? Cette professeur de lettres a créé l’application untexteunjour, qui propose un extrait des plus beaux classiques chaque jour dans son téléphone.

Elle a eu la bonne idée de passer du livre au papier, avec son anthologie “Un texte un jour, traverser la littérature en 365 jours”, publié aux éditions LibriSphaera.

Moi qui pensais connaître mes classiques, je m’aperçois qu’il n’en n’est rien du tout ! Alors oui, j’ai bien lu Hugo, Rostand, Fitzgerald, Flaubert, Nerval, Corneille. Mais en parcourant on anthologie, je me suis aperçue que je n’avais jamais ouvert un livre de Pierre de Marbeuf, ni de Pierre Louÿs, encore moins de Williard de Grécourt (Vous, oui?)

J’ai eu un plaisir fou à flâner dans ce mélange de prose et vers, anciens et modernes, auteurs célèbres et pépites littéraires. Les extraits sont courts et percutants, finement introduits par quelques mots qui remettent l’auteur et le passage choisi en perspective.

J’ai ainsi par exemple relevé le joli poème de Christine de Pizan, qui a épousé en 1379 à l’âge de quinze ans Etienne du Castel. Les deux jeunes gens filent un amour parfait, jusqu’à la mort d’Etienne, dix ans plus tard, emporté par la peste. Elle écrit ce poème pour évoquer la douleur de la perte de son mari, dont voici les premiers vers :

“Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m’a mon doux aimé laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée
Seulette suis, en langueur mal aisée,
Seulette suis, plus que nulle égarée
Seulette suis, sans ami demeurée.”

Je suis absolument fan de cette anthologie, amusante et érudite, qui rend étonnamment actuels les classiques de la littérature !

Camille de Toledo-Thésée, sa vie nouvelle

QUI A PEUR DES HISTOIRES DE FAMILLE ?

“Thésée, sa vie nouvelle” de Camille de Toledo avait échappé à ma première sélection de la rentrée littéraire, et je suis ravie d’avoir finalement intégré à mes lectures ce petit volume publié aux éditions Verdier, qui mêle de manière étonnante prose, poésie, et photographie.

“Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue” ?

Le roman s’ouvre sur un suicide. Jérôme, le frère de Thésée, est retrouvé pendu le premier mars 2005 à Paris. Dans les années qui suivent, ses parents, dévastés, meurent l’un après l’autre. Thésée “le frère qui reste”, décide de faire table rase, de fuir la France et ce passé trop lourd pour se réinventer à Berlin. Mais son corps le lâche, tout dans son corps s’enflamme, sans que les médecins parviennent à déterminer ce qui le ronge.

“…mais Thésée a échoué, il n’a pas réussi à tout effacer, les ombres des siens l’ont suivi dans la ville de l’Est; il a beau mettre une langue, des frontières et des fleuves entre lui et sa vie d’avant, rien n’y a fait […] et le frère qui reste se décide donc à réouvrir ses cartons; il se dit que, peut-être, le temps est venu de se retourner, il n’a pas le choix, d’ailleurs; car les médecins qu’il rencontre pour arrêter sa chute ne comprennent rien; pourquoi cette douleur dans ses tempes, l’inflammation des racines de ses dents, les os du dos ? pourquoi son corps en feu, treize ans après la mort du frère ?”

Alors Thésée rouvre les cartons, il regarde les photos, les archives, et se force à rentrer dans le labyrinthe de l’histoire familiale pour y déloger le monstre qui est en train de le tuer.

“Le frère qui reste, moi, en rouvrant ces cartons, j’ignore ce que je crains; je sens peser la menace de cette loi, mais de quoi avons-nous peur, qui revient du passé ? de l’ordre qui se met à vaciller ou de la matière qui a cristallisé autour du silence, qui pourrait sous l’impact d’un peu de vérité exploser en morceaux” ?

Un très beau roman qui ressemble à un long tunnel de douleur traversé ça et là d’éclats de colère.