Le pouvoir du roman !
“Emporte-moi, wagon ! Enlève-moi, frégate !
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs !” (Baudelaire)”
Ce que je demande à un roman ? M’emporter loin de mon quotidien. C’est ce que fait à merveille le roman de Viola Ardone, qui m’a embarqué dès les premières pages dans une autre vie que la mienne.
Dans “Le Train des enfants” publié aux éditions Albin Michel, on suit les aventures d’Amerigo, un enfant de 8 ans qui vit en 1946 dans les quartiers pauvres de Naples. A l’initiative du parti communiste, il prend le train avec des milliers d’autres enfants pour passer quelques mois dans une famille du nord, une famille riche. À son retour, il est tiraillé entre sa famille d’adoption et la sienne, misérable.
Dès le début du roman, on est dépaysé par la vision du monde qu’il nous propose, celle d’un môme de l’après-guerre :
“Maman devant et moi juste derrière. Dans les ruelles des quartiers espagnols, où tout le monde parle napolitain, maman marche vite : quand elle fait un pas, j’en fais deux. Je regarde les chaussures des gens. Si elles sont en bon état, je gagne un point; si elles sont trouvées, je perds un point. Pas de chaussures : zéro point. Chaussures neuves je n’en ai jamais eu, je porte celles des autres et elles me font toujours mal. Maman dit que je marche de traviole. C’est pas ma faute. C’est à cause des chaussures des autres. Elles ont la forme des pieds qui les ont utilisées avant moi.”
Je vous conseille ce très beau roman, qui permet de découvrir un épisode méconnu de l’italie à la hauteur des yeux d’enfants.