Mais qui Parvulesco ?
Parvulesco. Le nom ne vous dit peut-être rien. Qui donc se souvient de ce mystérieux écrivain d’origine roumaine, incarné par Jean-Pierre Melville dans “À bout de souffle” de Godard ? Son apparition dans ce film est fugace. Le temps d’une scène, le comédien descend d’un avion avec chapeau et lunettes noires. Une horde de journalistes l’attend sur le tarmac. À la question de savoir quelle est la plus grande ambition de sa vie, il répond “Devenir immortel et mourir”.
Qu’est-ce qui lie Godard, étoile du cinéma français déifié de son vivant à cet écrivain obscur, mort ignoré de tous ? Christophe Bourseiller, comédien et auteur de “En cherchant Parvulesco” assemble un puzzle. Toutes les pièces ramènent à lui :
“Godard, je l’ai connu mieux que personne durant l’enfance, je l’ai fréquenté assidûment, j’ai tourné dans ses films, je l’ai aimé. Parvulesco, je l’ai croisé furtivement à l’âge adulte, j’ai tenu ses ouvrages avec des pincettes mais je les ai lus avec plaisir, il m’a fait sourire et je m’en suis méfié. L’un séduisait le monde entier, tandis que l’autre peinait à faire entendre au mieux une parole irriguée par le rêve.”
Christophe Bourseillier est un enfant de la balle. Ses parents sont comédiens et metteurs en scène. Godard était un ami de la famille, un proche parmi les proches. Il a tourné dans ses films, avant de se faire connaître du public français en jouant dans les films de Yves Robert, Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au paradis et Courage fuyons. Peu après, sa carrière cinématographique s’est arrêtée. La machine à succès s’est enrayée.
En cherchant Parvulesco, l’écrivain qui a tout raté, Christophe Bourseiller cherche les traits de son propre visage :
“Lui et moi, nous sommes tous deux échappés d’un film. Nous sommes tous deux des “personnages en quête d’auteur”, selon la belle formule de Pirandello”.
Je vous conseille ce merveilleux livre ! Pour Godard, pour Parvulesco, et pour les souvenirs d’enfance de Christophe Bourseiller qui ont du cachet, vraiment.