Cette semaine, j’ai eu la chance de parler au téléphone à Lauren Bastide , créatrice du merveilleux podcast La Poudre.
Elle m’a raconté la première interview qu’elle a enregistrée. C’était au printemps 2016, avec la réalisatrice Rebecca Zlotowski. Elle n’avait jamais fait de podcast auparavant et était si tétanisée qu’elle a fait une extinction de voix la veille. Après l’interview, elle a passé un temps monstre à dérusher, l’enregistrement étant trop long. « Il y a des passages entiers de l’interview de Rebecca Zlotowski qui n’ont jamais été entendus nulle part ! », me dit-elle en riant. « C’était mon baptême du feu, mais j’ai relu l’interview récemment et elle est vraiment super ».
Au fur et à mesure des années, le podcast a évolué. Les questions récurrentes qu’elle posait, telles que « est-ce que vous êtes née femme ou est-ce que vous l’êtes devenue » et qui étaient pensées pour être posées à des femmes, n’ont pas la même résonance pour des personnes trans par exemple.
« Au tout début de mon combat, je n’étais pas forcément sensibilisée à la question des transidentités, j’avais une vision du féminisme plus essentialiste, axée sur une vision biologique du corps des femmes. Mais cela m’a permis de rentrer dans le vif du sujet et d’obtenir des réponses très intéressantes. J’ai continué à les poser avec acharnement, à Inès Rau, une femme trans ou à Paul B. Preciado, un homme trans et leurs réponses étaient passionnantes. Mais ce sont des questions aujourd’hui que je trouve moins brûlantes »
“Ce podcast m’a fait énormément grandir, me dit-elle. Quand Sonia Rolland me parle du Rwanda, ou Melissa Laveaux d’Haïti, cela m’a donné une vision du monde complètement nouvelle. J’ai aussi vu l’audience de la Poudre grandir aussi et devenir de plus en plus pointue sur les questions féministes. C’est pour cela que pour la prochaine saison de La Poudre je vais interviewer des chercheur.ses et mettre en avant la recherche en étude de genres, car nous sommes à un moment où nous avons besoin d’armes théoriques pour lutter”.
Passionnant, non ? Pour lire ma chronique de son genial recueil d’entretiens, RDV sur mon dernier post !