Cette semaine, j’ai appelé Lionel Duroy, l’auteur de “L’homme qui tremble” aux éditions Mialet-Barrault. Je lui ai demandé de me donner la première histoire qui lui venait à l’esprit, la voici :
“J’ai toujours eu le désir d’avoir un livre qui m’accompagne dans l’écriture. En écrivant “Colères” je lisais Rilke, quand j’écrivais “Le Chagrin” je lisais Richard Ford, quand j’écrivais “Échapper” je lisais Siegried Lenz.
Avant d’écrire “L’homme qui tremble”, j’ouvrais livre après livre en me demandant qui j’avais envie d’avoir comme compagnon. Vers deux heures du matin, je suis tombé sur le livre de Nathalie Léger, un tout petit livre édité chez POL qui s’appelle “supplément à la vie de Barbara Loden”. Ça a été un moment très fort. De Barbara Loden je ne savais pas grand chose, je savais qu’elle était l’auteur de Wanda, son unique film, qu’elle était morte très jeune.
Dans les premières pages du livre de Nathalie Léger, je suis tombé sur cette phrase “J’ai traversé la vie comme une autiste, persuadée que je ne valais rien, incapable de savoir qui j’étais, allant de-ci de-là, sans dignité”, et ça a été le déclencheur. J’ai pensé que moi aussi j’avais traversé la vie comme un autiste, allant de-ci de-là, persuadé que je ne valais rien. Je pense que Barbara Loden a eu une enfance de merde, et que dans ces cas là, on a une image complètement dégradée de soi. J’ai lu tout le livre en une heure, et puis le lendemain matin je me suis mis à écrire.
J’étais chez une amie. Quand elle m’a vue le lendemain avec ce livre, elle a vu combien il comptait pour moi et elle me l’a donné, et je suis parti avec. Il est encore avec moi, tant que je suis encore occupé par ce livre je suis occupé par le livre de Nathalie Léger. Il m’a accompagné pendant toute l’écriture, je l’ai tout le temps avec moi, à Paris, en voyage. Avec ce livre, je suis en harmonie de pensée dans ce moment de ma vie, préoccupé des mêmes choses, occupés de mêmes angoisses ou de la même intranquillité.